Are you really worried because of her ? ♠ MICAELA

« Je dois demander un assistant. » Dépassée, elle s'accordait une pause. Présente dans son bureau, elle était en plein remplissage de dossier. Des documents administratifs à remplir, à signer... L'amour qu'elle apporte à son métier est tellement grand qui lui donne le courage de poursuivre des tâches administratives mais il y a des moments où elle aimerait vivement qu'un élève soit patraque pour qu'elle s'échappe de cette corvée. Elle ne s'en plaignait pas, elle se plaignait jamais. Fort heureusement, sa collègue n'était pas présente à ses côtés, elle aurait eu le don de s'énerver pour des broutilles, comme toujours. Elle passait ses mains sur ses cheveux puis retira ses lunettes de lecture et les posa sur la table. « Il me faut de l'eau. » C'est en se levant de sa chaise qu'elle parcourut le bureau jusqu'à son mini-frigo d'où elle en sortit une bouteille d'eau bien fraîche. Buvant une gorgée, elle entendit du bruit dans l'autre pièce. Haussant un sourcil, elle déposa sa bouteille et partit voir ce qui se passait. C'est en ouvrant la porte qu'elle vit un professeur porter dans ses bras une jeune fille de première année. Elle était inconsciente. « Qu'est ce qui s'est passé ? » Se attelant pour lui porter secours, elle fut déposée délicatement sur un des nombreux lits que comportait l'infirmerie. Commençant par l'osculter, elle écoutait les dires du professeur. « Très bien. Elle n'a rien de grave. Elle aura besoin de repos et devra prendre beaucoup de vitamines et cesser de se priver de nourriture. Je m'occupe d'elle. » Elle adressa un sourire rassurant au professeur qui partit l'esprit tranquille. Micaela regardait la jeune demoiselle avec un regard des plus doux. Posant sa main contre son front, elle n'eut pas de fièvre. Elle s'était toujours demander pourquoi de jeunes filles se privaient ainsi de se nourrir. Pour plaire à un garçon ? Une question de mal-être ? Elle se devait se faire quelque chose pour que les jeunes réalisent que se mettre ainsi en danger n'est pas une solution. Ayant préparé le nécessaire au rétablissement de la jeune, elle restait à son chevet pour voir l'amélioration de son état. Elle prit régulièrement son pouls qui était devenu stable. La quittant quelques secondes, elle partit prendre des vitamines qui lui seront utiles pour qu'elle puisse avoir l'énergie suffisante pour se remettre d'aplomb. Micaela revint vers elle, lui donnant les vitamines à l'aide de la transfusion. Plus le temps passait, plus les améliorations se firent. La jeune demoiselle reprenait des couleurs et commençait à se réveiller. Micaela eut un sourire. « Tu es à l'infirmerie. Tu as eu un malaise mais tout va bien. » Dit-elle en la rassurant sur son état et sa venue, ici. « Ton professeur m'a dit ce qui t'était arrivée. Ça ne doit plus arriver. Ton corps ne peut pas supporter une grève de la faim. Il faut que tu manges, c'est vital. N'hésite pas à venir me voir quand ça ne va pas. Je peux t'aider. » Être infirmière signifie soigner les gens mais aussi être à leur écoute et pouvoir les aider au mieux à ce qu'ils se sentent bien. Micaela ne prenait pas son métier à la légère. Sa vocation a été toute tracée. D'abord par la venue de son pouvoir qu'est la guérison mais aussi par la perte de sa meilleure amie. Les médecins ne sont pas parvenus à la sauver. Lorsqu'elle est venue pour tenter quelque chose, ce fut trop tard. Depuis, elle a toujours voulu être infirmière. Sa collègue arriva. Elle devait quitter la jeune patiente pour qu'elle se repose mais aussi parce qu'elle devait aller à la cafétéria afin d'avoir un midi en compagnie de son compagnon. N'adressant qu'un seul bonjour, elle lui expliqua la raison de la venue de la jeune fille. Lui demandant de bien la surveiller, elle se débarrassait de sa blouse blanche et prit ses affaires.

L'arrivée des coups de midi était proche. Elle se trouvait déjà à la cafétéria. Disons simplement qu'elle était pressée de pouvoir voir son petit ami. Ne s'étant pas vu de la journée, il lui manquait. Son sourire était élargie. Plateau en main avec un verre et des couverts, elle fit la file, déposant son plateau sur les rails. Commençant par mettre un yaourt sur son plateau, une main se posa sur sa hanche. Se retournant, ne fut pas sa réaction de femme heureuse de voir son amoureux à ses cotés. Déposant un léger instant sa tête contre son épaule, il déposa ses lèvres contre les siennes en guise de bonjour. Des lèvres qui lui avaient manqués, sans aucun doute. « Bonjour toi ... » souriait-elle comme si elle se trouvait encore au lycée. Son regard pétillant la faisait craquer. Parfois elle se demandait s'il était réel. Les sentiments qu'elle avait envers ce dernier ne faisaient que s'accroître de jour en jour. Ils formaient un couple heureux, épanouit. Bien sûr, le couple connaissait des disputes et n'en sort que plus fort et plus soudés. Remplissant son plateau d'une pomme, d'une salade verte et d'une barre de céréales. Peu lui suffisait à remplir son ventre. Ils prirent place à une table, à l'écart des élèves. S'installant en face de lui, elle continuait de sourire. « Je dois dire qu'elle se porte comme un charme. Ça doit être certainement le cas de mon ogre adoré. » Lançait-elle sur un ton enjoué. « Ton cours s'est bien passé ? Pas d'élèves qui font semblant de se plaindre pour que tu t'occupes d'eux ? » Demandait-elle avec un sourire en coin, croquant dans sa pomme. Elle connaissait ça. Étudiante, elle faisait exprès d'avoir mal à la cheville pour que le professeur de sport puisse s'occuper d'elle. Il n'était pas question que le professeur lui plaisait mais par moment, c'était un défi qu'elle se lançait avec ses amies. Histoire de s'amuser.

Lorsqu'elle se retrouvait dans les bras du jeune homme, elle se sentait parfaitement en sécurité. Elle se plaisait d'être contre lui. Elle profitait de chaque petite minute passée en sa compagnie. Avec leurs métiers, ils n'avaient le temps de se croiser, de passer du temps ensemble qu'à leur de la pause déjeuner et le soir quand ils rentrent chez eux. Micaela a horreur des couples à l'eau de rose. Elle estime que, dans un couple, il est primordial qu'il y ait des disputes, des petites tensions sinon comment feraient les amoureux pour se retrouver hein ? Les retrouvailles sont tellement merveilleux qu'on se doit de se chamailler pour de petites broutilles. Micaela pouvait réagir au quart de tour concernant des sujets sensibles que pourraient aborder son compagnon mais elle est faite ainsi. Evan est tout simplement un homme tellement fabuleux que par moment elle se demande s'il était bien réel. Il est amusant, tendre, il embrasse tellement bien... Que dire à part qu'elle a vraiment beaucoup de chance de l'avoir trouvé. Son appétit d'ogre affamé l'a faisait légèrement rire. Ayant souvent une faim de loup, il ne prend pas un gramme, certainement du à sa condition physique qui se fait de plus en plus remarqué. Non, elle ne se privait pas de faim, au contraire, elle adore manger mais elle s'accorde, parfois, un temps de pause donc un léger régime. « Le sport ça creuse ! » « Moi qui pensait que les professeurs de sport ne participaient aux cours physiquement, je me suis trompée. » Disait-elle sur un ton enjoué. « Et je vais bien également... Malgré que je trouve ton plateau bien... Vide. Sérieusement chérie, tu devrais manger plus. Le poulet est succulent, tu es sûre de ne pas en vouloir ? » Vide ? Son plateau vide ? Elle ne trouvait pas. « Il n'est pas vide. Pense comme si j'étais une végétarienne qui ne mange pas de poulet, c'est pareil ! » Elle ne lui en voulait pas, il s'inquiétait pour elle. Elle-même, elle répéte à ses patientes, plus généralement, de ne pas se priver de nourriture car cela pourrait porter préjudice à sa santé. Elle a même cette remarque pas plus tard que ce matin même. « S'il te plais, va te chercher un plat chaud... Pour moi. » C'est en regardant sa main posée sur la sienne, qu'elle tournait son regard vers le coté avant de soupirer. « Très bien. Je reviens tout de suite. » Elle prit son plateau, lui adresse un sourire puis s'en va chercher un délicieux poulet.

« Non ça va, pas trop aujourd'hui. Juste une élève qui s'est foulée la cheville en course, mais vu comme elle trottinait à la sortie du cours, j'ai vite comprit qu'elle s'était jouée de moi. Ah vous les filles, vous en loupez pas une hein ? » Micaela souriait en coin, avalant la bouchée de son poulet. « Disons que, nous les filles, aimons nous faire remarquer. Soit pour avoir de l'attention, soit pour embêter le séduisant professeur de sport ou tout simplement pour le draguer. » Elle lui lançait un regard un peu joueur, un peu envouteur. « D'ailleurs, tu l'as connais peut-être ? C'est Louve Nine, une blondinette. » Alors qu'elle buvait une gorgée de son verre, elle faillit s'étouffer. Louve Nine... Si elle n'avait pas surpris une conversation avec ses copines jamais elle ne la détesterait mais là... Elle faisait toutes sortes de choses pour attirer l'attention de Evan. Micaela ne disait rien à son sujet car ça allait certainement énerver Evan et cela allait agacer Micaela et hop une dispute... Là, ça risquait d'arriver. « Hum... Excellent... Génial... » Répondant sur un ton pas très enthousiaste, elle s'acharnait sur le pauvre poulet sans s'en apercevoir. « Super. Attends toi à la revoir la Miss Nine. » Elle s'était levée pour aller chercher une nouvelle fourchette. A force de s'être acharnée sur la volaille, la fourchette s'est cassée... Elle contenait son ressentiment pour ne pas qu'une scéne éclate aux yeux de tous. Cependant, elle n'était pas du genre à faire comme si de rien n'était quand il y avait un problème. Revenant à la charge : « Elle le fait souvent ? Dit moi si je me trompe mais j'ai la nette impression qu'elle ne fait que ça à tes cours cette demoiselle. Elle tente, par tout les moyens, pour que tu sois sur sa table de chasse. J'imagine parfaitement : un magnifique tableau avec tout les professeurs qu'elle a pu collectionner, fiancé ou pas. Après tout, c'est à toi de voir. » Ce n'est que l'avant goût de l'entrée... Le plat principal reste encore à venir...